Parole d’experte : Par Louise Beveridge, consultante indépendante, après une carrière riche en jobs de Direction de la Communication dans des groupes internationaux.

Pour vous, comment le cédant doit-il penser au mieux la communication de sa transmission ?

Même si le départ est pour lui difficile à vivre – et il l’est toujours – il est très important qu’il pose ce moment très particulier comme un temps fort et positif. Car c’est vraiment l’occasion aussi de retracer un chemin, d’honorer une oeuvre, de valoriser tous ceux qui ont participé, d’apaiser ce qui doit l’être, d’unir et de réconcilier… Pour soi comme pour les autres. Avant de laisser la place, et de poursuivre sa propre route…

Vous ne prônez donc pas la discrétion dans la passation ?

Au contraire ! Au niveau public, la transmission doit être ritualisée. Ce doit être l’occasion d’éditer un livre, de raconter des histoires, de créer une fondation, de faire une fête… dans tous les cas de « marquer le coup » et les esprits. Joyeusement. Et au plan privé, ce doit être aussi l’occasion de marqueurs symboliques forts. Le père doit donner les clés du bureau à son fils ou à sa fille par exemple, les lui remettre en main propre. Et ne rien escamoter de l’émotion d’un moment très intense pour chacun d’eux.

La transmission doit être ritualisée !

Et qu’en est-il pour la communication du nouveau dirigeant ?

Elle doit être préparée, travaillée, de façon précise, avec un triple objectif : inscrire sa parole dans la culture de l’entreprise tout en assumant en même temps une évolution, un changement de forme, donc une nouvelle façon de communiquer et de diriger ; tout en dessinant la nouvelle route, en indiquant le nouveau cap. C’est le moment où jamais d’avoir une communication ambitieuse sur le fond – la forme sera modulable en fonction de l’activité et la culture de l’entreprise –
… et ça ne s’improvise pas !

Ce sera d’autant plus facile et plus efficace… que les successeurs seront plus légitimes ?

Oui, bien sûr. A ce stade, la question de la légitimité du nouveau dirigeant ne peut être ignorée. Faire partie de la famille ne suffit pas, avoir été choisi, adoubé par le fondateur pas toujours non plus. La meilleure légitimité, la plus forte, demeure celle qui a été gagnée en propre, par son parcours et son talent. Définir son propre espace de parole, et style de communication fait partie ainsi des premières étapes pour établir et démarquer son leadership.

Louise Beveridge