Un des défis majeurs de la sortie de la crise sanitaire pour les entreprises est de reconstruire le « collectif », fragmenté et déstructuré par le confinement et la généralisation du télétravail. Ce qui pose de façon encore plus critique la question de l’engagement de collaborateurs. Ce sujet concerne tout le corps social de l’entreprise, tous secteurs confondus. Nous avons choisi de décrypter ce sujet pour la première édition des Jeudis de JUSTE avec Pierre Deheunynck, président du conseil d’administration de France Compétences, ancien directeur des ressources humaines chez Engie, Crédit Agricole ou Danone

Qu’est-ce que l’engagement ?

L’engagement ne se limite pas seulement à la mesure de la performance de l’entreprise ou à l’évaluation de la satisfaction des employés. C’est avant tout une approche globale qui active différents leviers.

  • la compréhension et l’adhésion à la vision et stratégie de l’entreprise, à tous les niveaux de l’organisation,
  • le sentiment d’appartenance à une communauté,
  • la reconnaissance (au-delà de la rémunération) et le sens donné à la mission de chacun,
  • l’épanouissement, combinaison du respect donné et reçu et du plaisir de participer à la performance économique, sociale et sociétale de l’entreprise.

C’est le meilleur indicateur global sur l’efficacité du corps social dans l’entreprise sa mesure permet de savoir si un collaborateur est épanoui dans son périmètre d’activité, à la fois individuellement et collectivement. Il devient ainsi un facteur essentiel d’innovation et de performance pour les entreprises. 

En quoi l’engagement est-il essentiel pour les entreprises ?

 L’évolution des aspirations professionnelles chez les hommes et les femmes se traduit par l’envie de produire de la valeur qui les motive et les engage. Pour les entreprises confrontées à la fois à la pression du marché et à la guerre des talents, il devient nécessaire d’actionner l’ensemble de ces leviers de l’engagement pour repenser leurs modèles opérationnels et managériaux, et améliorer leur performance.

Cette performance économique, pour être un objectif commun, doit être comprise de tous. L’entreprise doit mener une réelle éducation économique de sa communauté sur sa stratégie et sa raison d’être. C’est un levier qui s’autoalimente, porteur de fierté et d’adhésion pour les individus. Cette vision et la stratégie doivent aussi être attractives.

Enfin, l’entreprise doit être un lieu propice à l’épanouissement ainsi qu’au développement de l’individu : la communauté doit être un cadre de confiance, les pratiques managériales respectueuses et mobilisantes.

Quelles sont les clés du succès ?

 Les clés du succès passent par un équilibre fin du modèle économique, social et sociétal de l’entreprise. Avoir conscience et identifier les leviers qui existent au sein même de l’entreprise est fondamental pour les dirigeants et pour l’organisation de leur gouvernance. L’intérêt général c’est combinaison de celui de son dirigeant, des actionnaires, celui des managers, de l’ensemble des salariés et enfin des parties prenantes.